Quel profil ICC de normalisation adopter lorsque l’on remet un document PDF à l’imprimeur ? Le plus simple consiste à faire confiance aux compétences de l’imprimeur et de lui remettre des fichiers séparés selon les données de caractérisation Fogra 39, par exemple à l’aide du profil ISO Coated V2 élaboré par l’ECI (European Color Initiative).
L’ISO 12647-2 précise les valeurs colorimétriques solides des quatre couleurs primaires de l’impression offset ainsi que les courbes d’engraissements standards pour 5 types de papier :
1 – couché brillant (offset feuille, 115 gm2);
2 – couché mat (offset feuille, 115 gm2) ;
3 – couché brillant (rotative, 70 gm2) ;
4 – non couché blanc ;
5 – non couché jaunâtre.
L’ISO précise que les papiers de type 1 et 2 ne sont pas adaptés pour l’impression des magazines sur rotative excepté pour les couvertures, et que les papiers de typer 3 et 5 ne sont pas utilisés pour l’impression en quadrichromie sur offset feuille.
Ces valeurs de couleurs solides et de courbes d’engraissement doivent être respectées selon une tolérance donnée.
Sur la base de ces recommandations, la Fogra publie des données de caractérisation de conditions d’impression standard :
– Fogra 39 pour les papiers type 1 et 2 ;
– Fogra 46 pour les papiers type 3 ;
– Fogra 47 (autrefois Fogra 29) pour les papiers de type 4 ;
– Fogra 30 pour les papiers de type 5.
(liste non exhaustive, source Fogra 09/2010)
Ces références de caractérisation sont des moyennes constatées de l’impression sur un panel de presses offset du marché.
L’ECI de son côté a élaboré une série de profils ICC selon ces différentes données de caractérisation. Ces profils ont été réalisés en faisant appel aux logiciels d’Heidelberg PrintOpen et Color Tool. Comme tout profil ICC, ils sont le fruit des choix techniques de leurs concepteurs, notamment en ce qui concerne la génération de la courbe du Noir. Ces choix sont indiqués dans le fichier d’information livré avec les profils.
Le choix du Fogra 39
Si l’on souhaite préparer des fichiers graphiques pour une impression normalisée sur papier autre que couché, la tentation est grande de les convertir selon le profil générique qui semble le plus à même de refléter ces conditions d’impression. Typiquement de livrer à l’imprimeur des fichiers normalisés en Fogra 47 si l’impression est prévue sur papier non couché.
Sauf demande expresse de l’imprimeur, cela est à éviter. Il est vivement conseillé de ne normaliser les fichiers en amont qu’en Fogra 39.
En effet, une conversion RVB vers un profil CMJN de moindre gamut a un côté irréversible. Une fois que le fichier est passé par le goulet du profil, il ne pourra plus jamais retrouver la plénitude de ses couleurs d’origine.
Les profils génériques de l’ECI, nous l’avons dit, sont le reflet d’une moyenne constatée. Qui dit moyenne, dit haut et bas du panier. En livrant à l’imprimeur un fichier Fogra 47, on se résigne à ce que l’impression n’appartient pas au gratin, et cela, quels que soient les talents de l’imprimeur.
En offset, la moyenne des impressions sur papier couché (le Fogra 39) est représentative d’une qualité certaine que l’on est en droit d’exiger de son imprimeur. Si nivellement il y a, il reste mineur. La réaction de l’encre qui se dépose sur la couche minérale qui couvre les fibres du papier est suffisamment prévisible pour que l’adresse de l’imprimeur puisse s’exercer dans la tolérance de la norme, en cherchant à se rapprocher le plus possible du rendu de l’épreuve contractuelle certifiée.
L’impression offset sur papier non couché est en revanche infiniment moins prévisible. D’un support à l’autre, la réaction de l’encre qui se diffuse dans les fibres du papier est imprévisible. L’idéal pour l’imprimeur serait d’ailleurs de choisir une encre adaptée spécifiquement pour chacun de ses papiers non couchés. Cela bien entendu tournerait le dos à une logique de production industrielle.
Pour cette raison, l’épreuvage certifié d’un fichier normalisé en Fogra 47 n’est pas, la plupart du temps, plus représentatif de l’impression finale sur papier non couché que ne l’est celui du même document normalisé en Fogra 39. À plus forte raison si l’impression doit se faire sur un papier hors normes tel un papier recyclé.
À cela s’ajoute l’arbitraire de la courbe du Noir du profil utilisé. Celle-ci n’est peut-être pas la plus adaptée aux conditions réelles d’impression. Pourquoi ne pas laisser l’imprimeur en juger ?
Laisser l’imprimeur exercer ses compétences.
L’impression offset se distingue de l’impression numérique et de la reprographie par les nombreux paramètres sur lesquels l’imprimeur peut jouer pour parfaire l’impression. Caractéristiques de l’encre et du papier, paramètres de photogravures et de prépresse, autant de subtilités que seule l’expérience de l’imprimeur permet de mettre en oeuvre. L’impression offset normalisée ne consiste pas à faire fi de cet arsenal, mais à mieux organiser les procès pour produire de la qualité plus vite et à moindre coût. Il ne s’agit donc pas de brider en amont les possibilités offertes par les différentes technologies, mais au contraire de laisser à l’imprimeur la responsabilité et la liberté de leur mise en oeuvre. Notez d’ailleurs que de l’autre côté de l’Atlantique, aucune donnée de caractérisation standard GRACoL ne concerne l’impression sur papier non couché.
Le mieux est donc de fournir à l’imprimeur un fichier PDF/X-1a, normalisé en Fogra 39, accompagné de son épreuve certifiée. L’imprimeur aura ainsi toute liberté pour adapter le fichier au plus près des conditions réelles de son impression en utilisant les données de caractérisation de son choix, Fogra ou personnalisées. De fait, si la concurrence entre les imprimeurs s’exerce sous l’angle de la productivité et de la réduction des coûts, elle doit aussi s’exercer du point de vue qualitatif, tout particulièrement en ce qui concerne le rendu des couleurs sur les papiers difficiles, non couchés, bouffants ou recyclés.