L’épreuve contrôlée est au cœur du procès de production d’impression normalisée. Elle est le socle contractuel des relations entre les différents intervenants : clients finaux, agences de communication, graphistes et imprimeurs ; à la fois outil de précision et juge de paix .
La généralisation des systèmes de confection des plaques offset CTP (Computer to plate) a tout à la fois sonné le glas des systèmes d’épreuves analogiques et rendu indispensables les épreuves numériques. Au temps du film offset, quelques systèmes tels le Cromalin de DuPont ou le Matchprint de 3M constituaient les standards de fait de l’épreuvage pour les arts graphiques. D’un système à l’autre, le rendu colorimétrique n’était pas identique loin de là, mais les imprimeurs s’y étaient habitués. On ne parlait pas encore de normalisation ni d’industrie graphique ! La disparition des films offset a rendu caducs ces dispositifs. Ils ont été remplacés par des systèmes numériques qui ne sont rien d’autre aujourd’hui que des imprimantes PostScript dotées de caractéristiques particulières.
Épreuve numérique
La première qualité d’un système d’impression d’épreuve numérique est sa répétabilité (sa stabilité dans le temps). Le système doit également être doté d’un gamut suffisamment large pour contenir celui d’une presse offset imprimant sur papier couché. Enfin, l’imprimante doit être en mesure de reproduire finement une large gamme de nuances colorées. En effet, la taille du gamut n’est pas tout, encore faut-il pouvoir reproduire l’infinité de tons colorés qu’il contient.
Dans un premier temps, seuls des dispositifs extrêmement coûteux répondaient à ce cahier des charges. Aujourd’hui, la technologie d’impression jet d’encre a pris le relai, produisant des impressions à large gamut, stables et de qualité pour un coût très raisonnable.
Épreuve de simulation
Contrairement à ce qui s’est passé pour les systèmes analogiques, aucun standard ne s’est imposé en matière d’épreuves numériques. Pour pallier à cet état de fait, la solution a constitué dans un premier temps, non pas à imprimer une épreuve de référence pour guider le conducteur offset dans sa recherche de qualité, mais au contraire à simuler, sur son système d’épreuve, l’impression finale prévue. Soit, l’imprimeur disposait du profil ICC de sa presse offset, et il utilisait ce profil en tant que profil de simulation ; soit, le plus souvent, il n’en disposait pas et utilisait un profil générique (Euroscale coated en général) en tant que profil de simulation.
Cette méthodologie présentait l’inconvénient premier qu’il rompait avec les habitudes et la culture des imprimeurs puis, surtout, que d’un imprimeur à l’autre les épreuves ne se ressemblaient pas ! De surcroît, si l’on tentait de simuler une impression sur papier autre que couché, on obtenait une épreuve aux couleurs ternes qui désorientait le client et les services commerciaux de l’imprimerie. Ce genre d’épreuve, il faut l’avouer, n’était pas très vendeur.
Norme ISO 12647-7
Le temps des incertitudes en matière d’épreuvage est heureusement révolu. En décembre 2007, l’ISO a publié le septième chapitre de sa norme 12647, consacré aux procédés d’épreuve travaillant directement à partir de données numériques (Proofing processes working directly from digital data).
La norme ISO 12647-7 précise :
– qu’une épreuve numérique doit simuler la trame utilisée lors de l’impression finale ;
– qu’elle doit utiliser les mêmes angles de trame que l’impression finale ;
– la couleur et la brillance du support d’impression (brillant, semi-mat et mat) ;
– les échantillons d’impression CMJN pour lesquels le contrôle colorimétrique est obligatoire :
* 6 échantillons solides à 100 % (C, M, J, MJ, CJ, CM) ;
* 6 échantillons à 40 % (C, M, J, MJ, CJ, CM) ;
* 6 échantillons à 80 % (C, M, J, MJ, CJ, CM) ;
* 6 échantillons de Noir (à 100 % et à 5 autres niveaux de gris) ;
* 6 échantillons de valeurs CMJ reproduisant les valeurs LAB des 6 échantillons Noir précédents ;
* 1 échantillon du blanc du support ;
– que le contrôle doit également porter sur un échantillonnage de nuances significatives dont le choix est laissé à l’appréciation des constructeurs ;
– les tolérances, en termes d’écart colorimétrique (∆E), des échantillons contrôlés avec la référence d’impression standard simulée.
Épreuve contrôlée
En prenant pour référence cette norme ISO 12647-7, les organismes Fogra en Europe et IDEAlliance outre-Atlantique publient chacun un système de contrôle d’épreuve ISO 12647. Ces procédés sont axés sur l’utilisation de chartes de contrôle dites respectivement « Ugra/Fogra Media Wedge CMYK » et « IDEAlliance ISO 12647-7 Digital Control Strip ».
Une épreuve validée fait obligatoirement apparaître une charte de contrôle de façon à ce que tout un chacun puisse en contrôler les valeurs colorimétriques. L’épreuve simule toujours une référence d’impression standard : Fogra 39, GRACoL2006, SWOP2006… Le contrôle des échantillons des chartres consiste à vérifier que leurs couleurs correspondent bien à celles des conditions d’impression standard simulées, selon les tolérances dictées par l’ISO 12647-7.
Ce contrôle de conformité s’effectue avec un spectrophotomètre. Pour que l’épreuve soit certifiée, les valeurs contrôlées doivent se situer dans une tolérance étroite exprimée en ∆E. Pour la Media Wedge V2, ces valeurs sont :
∆E moyen : ≤ 3
∆E max : ≤ 6
∆E du support : ≤ 3
La version 3 de la Media Wedge permet en outre de vérifier le ∆H moyen (≤ 1,5), c’est-à-dire la part de responsabilité dans la dérive des couleurs due à la teinte (et non pas à la luminance ou à la saturation).
Le contrôle de la Media Wedge doit donner lieu à l’édition d’une étiquette précisant les valeurs lues au regard de la tolérance acceptable selon la norme.