Le Ghent PDF Workgroup (ou GWG) vient de publier ses nouvelles spécifications millésimées 2015 et dénommées logiquement GWG 2015. Celles-ci reconnaissent la possibilité d’inclure des images RVB dans les PDF échangés. Ce faisant, elles consacrent aussi la norme PDF/X-4 comme le standard moderne pour l’échange de documents électroniques dans l’industrie graphique.
Les spécifications du Ghent PDF Workgroup représentent un ensemble de bonnes pratiques centrées autour du format PDF publié et régulièrement mises à jour depuis 2002. Les membres du GWG sont des associations professionnelles, européennes ou américaines, des développeurs de solutions graphiques ou encore des entreprises graphiques grandes utilisatrices du format PDF. On retrouve les spécifications du GWG dans la plupart des applications graphiques ayant trait au PDF sous la forme de paramètres d’export PDF ou encore de profil de contrôle en amont. Enfocus PitStop Pro, Callas pdfToolbox ou Adobe Acrobat par exemple sont tous livrés avec des profils de preflight répondant aux spécifications du GWG
Les spécifications du GWG ne visent pas à concurrencer les normes PDF/X (ISO 15930), mais plutôt à les compléter. En effet les normes ISO 15930 sont à vocation universelle, indépendantes des technologies d’impression. Les spécifications du GWG quant à elles (connues aussi sous le nom de PDF/X Plus) complètent les exigences du PDF/X par des recommandations variables selon le segment de marché de l’industrie (publicité pour magazine ou pour la presse quotidienne, pages PDF destinées à l’offset feuille ou à l’impression continue, impression CMJN et/ou tons directs, etc.). Sont ainsi pris en compte par le Ghent PDF Workgroup, des paramètres tels que la résolution des images, l’épaisseur des filets, la charge d’encre maximale ou la surimpression, autant de variables absentes des normes PDF/X. En résumé un fichier contrôlé selon les spécifications du GWG est forcément respectueux d’une norme PDF/X, mais l’inverse n’est évidemment par vrai.
Les spécifications GWG 2015 succèdent à celles publiées en 2012 qui étaient déjà basées sur le PDF/X-4. Mais jusqu’à présent, ce sont surtout les GWG 1v4, fondées sur le PDF/X-1a, qui faisaient office de standard de fait.
Les GWG 2015 reprennent l’essentiel des GWG 2012, mais y ajoutent donc la liberté de laisser les images contenues dans un fichier PDF en mode RVB, pour peu qu’elles soient renseignées par leur profil ICC. En effet, bien que fondées sur le PDF/X-4 qui tolère les couleurs ICCBased les GWG 2012 interdisaient toujours l’utilisation de couleurs autres que le CMJN ou les tons directs.
En autorisant les couleurs RVB ainsi que les couleurs LAB et CalRGB pour les images (les éléments PDF vectoriels devant toujours être définis en CMJN ou tons directs), le GWG considère enfin que les conversions colorimétriques des images RVB vers CMJN à l’aide des profils ICC sont suffisamment maîtrisées par les outils et les professionnels de l’industrie graphique pour être standard et donc prévisibles.
Pour chaque segment de marché, le GWG 2015 prévoit donc désormais deux variantes : CMYK (où ne sont toujours autorisées que les couleurs grises, CMJN ou tons directs) et CMYK + RGB (où les images sont autorisées en RVB pour peu, encore une fois, qu’elles soient renseignées de leur profil ICC).
Pour le reste, les spécifications 2015 sont presque identiques à celles de 2012 et c’est donc surtout d’avec les GVG 1v4 qu’elles sont à comparer. Les GWG 2015 divergent des GWG 1v4 par :
- l’autorisation des images RVB renseignées de leur profil ICC ;
- l’autorisation des transparences ;
- l’autorisation des calques PDF ;
- l’autorisation des images 16 bits ;
- l’autorisation du codage OpenType des polices de caractère ;
- une charge d’encre maximale de 320 % (contre 340 % pour le GWG 1v4).
Vis-à-vis des GWG 2012, la mouture GWG 2015 allège toutefois les contrôles en abandonnant par exemple le concept de profils d’intention “recommandés par le GWG”. Chacun est donc libre désormais d’utiliser le profil ICC CMJN qui lui convient comme intention de sortie sans mériter pour autant un avertissement ou une erreur lorsque le PDF est contrôlé.
Pour savoir si les flux prépresse sont pleinement compatibles avec les nouvelles spécifications, le Ghent PDF Workgroup met gratuitement à disposition une forme test développée par l’association suisse PDFX-ready (elle-même membre du GWG). Si ce fichier sort du flux sans aucune marque d’erreur ni police de caractères mal imprimée, les professionnels peuvent adopter sans crainte les GWG 2015 comme standard à conseiller à leurs clients. Dans le cas contraire, la question se pose de faire évoluer son flux ou de lui adjoindre en frontal un module de standardisation.
À l’heure où ces lignes sont publiées, les paramètres pour les applications compatibles ne sont pas encore disponibles sur le site du Ghent Work Group. En revanche, trois documents explicatifs (tous en anglais) sont d’ores et déjà téléchargeables (e-mail requis) :